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RAOUL VANEIGEM
Nous qui désirons sans fin

« Jamais le désespoir d’avoir à survivre au lieu de vivre n’a atteint dans le temps et dans l’espace existentiel et planétaire une tension aussi extrême. Jamais n’a été pressentie aussi universellement l’exigence de privilégier le vivant sur le totalitarisme de l’argent et de la bureaucratie financière »

: « Nous sommes les enfants d’un monde dévasté qui s’essaient à renaître dans un monde à créer. Apprendre à devenir humain est la seule radicalité. »


JEAN-PIERRE VERNANT

Jean-Pierre Vernant
L'individu, la mort, l'amour

"Que signifient individu, individualisme?
-a) la place reconnue à l'individu singulier et son degré d'indépendance par rapport au groupe dont il est membre et aux institutions qui le régissent;
-b) la valorisation de la vie privée par rapport aux activités publiques;
-c) l'intensité des rapports de soi à soi, de toutes les pratiques par lesquelles l'individu se prend lui-même, dans ses diverses dimensions, comme objet de sa préoccupation et de ses soins, la façon dont il oriente et dirige vers lui-même son effort d'observation, de réflexion et d'analyse : souci de soi et aussi travail de soi sur soi, formation de soi à travers toutes les techniques mentales d'attention à soi-même, d'examen de conscience, de mise à l'épreuve, repérage, élucidation et expression de soi."


La Grèce
pour penser l'avenir
Introduction de JP Vernant
Marc Augé
Cornélius Castoriadis
Maria Daraki
Philippe Descola
Claude Mossé
Marie-Henriette Quet
Gilbert Romeyer-Dherbey

"Quand l'art et la littérature seront devenus culture et la culture ensemble de produits, quand s'effaceront l'idée de création et la notion d'auteur, nous aurons perdu du paganisme ce qu'il avait de meilleur (la pluralité) pour privilégier ce qu'il offre de plus confortable, de plus paresseux et de plus sournoisement totalitaire : la culture quotidienne de l'immanence." Marc Augé

 


JEAN-PIERRE VERNANT
La traversée des frontières

"Le vrai courage c'est, au-dedans de soi, de ne pas céder, ne pas plier, ne pas renoncer. Etre le grain de sable que les plus lours engins, écrasant tout sur leur passage, ne réussissent pas à briser."


JEAN-PIERRE VERNANT
Entre mythe et politique

"Faut-il se dire que le faire est individuel, le fait social, le coup de ciseau du sculpteur individuel, sa statue sociale?"


JEAN-PIERRE VERNANT
PIERRE VIDAL-NAQUET
Oedipe
Et ses mythes


"Ce n'est donc pas le rêve, posé comme une réalité anhistorique, qui peut contenir et livrer le sens des œuvres de culture. Le sens d'un rêve apparaît lui-même, en tant que phénomène symbolique, comme un fait culturel relevant d'une étude de psychologie historique. A cet égard on pourrait proposer aux psychanalystes de se faire davantage historiens et de rechercher, à travers les diverses Clés des songes qui se sont succédé en Occident, les constances et les transformations éventuelles de la symbolique des rêves."

 


DETIENNE & VERNANT
Les ruses de l'intelligence
La métis des Grecs

Si, dans le discours savant tenu sur les Grecs par ceux qui s'en proclamaient les héritiers, le silence a continué si longtemps de se faire autour de l'intelligence rusée, ne serait-ce pas essentiellement pour deux raisons: d'abord, sans doute, parce que, dans la perspective chrétienne, le fossé séparant les hommes des bêtes ne pouvait que se creuser davantage et la raison humaine apparaître plus nettement encore que pour les Anciens séparée des aptitudes animales; mais n'est-ce pas aussi et surtout le signe que la Vérité platonicienne, reléguant dans l'ombre tout un plan de l'intelligence avec ses façons propres de comprendre, n'a jamais réellement cessé de hanter la pensée métaphysique de l'Occident?

DOMINIQUE VIDAL
Antisionisme = antisémitisme ?
Réponse à Emmanuel Macron

" Destiné à faire taire la critique d’Israël, le chantage à l’antisémitisme ne date évidemment pas d’aujourd’hui. Mais il a pris un tour nouveau en fonction du contexte géopolitique du pays. La radicalisation du pays – direction et, à un moindre degré, population – pourrait en effet accentuer son isolement. D’où l’effort tous azimuts de Benyamin Netanyahou pour desserrer l’étau. La date du 6 février 2017 entrera peut-être dans l’histoire comme celle d’un tournant du conflit israélo-palestinien. Ce soir-là, la Knesset, le Parlement israélien, adoptait, par 60 voix contre 52, une loi dite « de régularisation ». Il aurait mieux valu dire « de confiscation » : elle ouvre en effet la voie à l’annexion de tout ou partie de la Cisjordanie."

« À ce premier dérapage, le nouveau chef de l’État en ajoute malheureusement un second : à la fin de son discours qui souligne fort justement la responsabilité de l’État français et de sa police, il glisse cette petite phrase : « Nous ne céderons rien à l’antisionisme, car il est la forme réinventée de l’antisémitisme. »
Dans une tribune, aussitôt, je dénonce – comme d’autres – une « erreur historique » doublée d’une « faute politique » : – une « erreur historique », car l’antisionisme a été et reste le positionnement de nombreux Juifs, qui ne considèrent pas que leur place soit en Israël. Comment pourrait-on leur coller l’étiquette infamante d’antisémitisme ? Soit dit au passage, les Juifs antisionistes ou non sionistes sont les plus républicains de tous, puisqu’ils donnent une priorité absolue à leur intégration dans leur communauté nationale ;
– une « faute politique », car le président de la République, de fait, encourage ainsi l’aventurisme de la droite et de l’extrême droite au pouvoir à Tel Aviv. Benyamin Netanyahou, ses amis au Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) et les sites pro-israéliens ne s’y sont d’ailleurs pas trompés : ils ont vu, à juste titre, dans la petite phrase présidentielle un soutien à la politique d’occupation et de colonisation d’Israël. De surcroît, cette formule conforte la tentative de criminalisation de la campagne Boycott-Désinvestissement-Sanctions (BDS), sans attendre le verdict de la Cour européenne des droits de l’homme saisie par les avocats de militants injustement condamnés. La preuve ? Quelques semaines plus tard, le président du Crif, Francis Kalifat, exige qu’une loi soit votée pour sanctionner l’antisionisme."

LAURENT VIDAL
Les hommes lents: Résister à la modernité, XVe-XXe siècle


"Mais une telle quête ne pourrait toutefois être complète si elle se contentait simplement d’enregistrer une sismographie des temps forts de cette association entre lenteur et discrimination sociale : il faut déborder ce constat et envisager la lenteur comme une subversion possible de la cadence rapide imposée par le rythme des échanges et du travail – un projet, en somme, de résistance ou de ré-existence, où les lents chercheraient, à tâtons, par des ruptures de rythmes, la voie d’une autre existence possible. Au terme de cette quête, il faudra toutefois accepter que demeure une part d’ombre : c’est dans ce jeu d’ombres et de lumières que les hommes lents nous requièrent. "


Pieter Brueghel l'ancien: Disidia


4ème de couverture: "L’histoire de la modernité est d’abord celle d’une discrimination : en érigeant la vitesse en modèle de vertu sociale, les sociétés modernes ont inventé un vice, celui de la lenteur – cette prétendue incapacité à tenir la cadence et à vivre au rythme de son temps.
Partant d’une violence symbolique et d’un imaginaire méconnu, Laurent Vidal fait la genèse des hommes lents, ces individus mis à l’écart par l’idéologie du Progrès. On y croise tour à tour un Indien paresseux et un colonisé indolent à l’époque des grandes découvertes, des ouvriers indisciplinés dans le XIXe siècle triomphant ; plus proches de nous, le migrant en attente ou le travailleur fainéant restent en marge de l’obsession contemporaine de l’efficacité.
Mais l’auteur révèle avant tout la façon dont ces hommes s’emparent de la lenteur pour subvertir la modernité, à rebours de la cadence imposée par les horloges et les chronomètres : de l’oisiveté revendiquée aux ruses déployées pour s’approprier des espaces assignés, les hommes lents créent des rythmes inouïs, jusque dans les musiques syncopées du jazz ou de la samba. En inventant de nouveaux modes d’action fondés sur les ruptures de rythme – telles les stratégies de sabotage du syndicalisme révolutionnaire –, ils nous offrent un autre regard sur l’émancipation.
Mêlant la rigueur de l’historien à la sensibilité d’un écrivain qui puise aussi bien dans la littérature que dans les arts, cet essai ouvre des horizons inédits pour repenser notre rapport à la liberté.
"

PIERRE VIDAL-NAQUET
Le chasseur noir

En étendant son manteau entre lui et le soleil, Périclès déchargeait une éclipse de sa signification irrationnelle, mais, malade, il gardait l'amulette que des femmes lui avaient suspendue au cou.


PAUL VIRILIO

PAUL VIRILIO
Le futurisme de l'instant

Nanomètre, nanoseconde, avec les nanotechnologies, c'est en effet la question des NANO-CHRONOLOGIES qui se pose. Passé, présent ou futur, que reste-t-il désormais des longues durées de l'histoire générale ou des courtes durées de l'histoire événementielle, sinon l'ébauche désastreuse d'une histoire purement accidentelle ?


PAUL VIRILIO
Ville panique

"Alors, à la tombée du jour, aux lueurs crépusculaires d'une planète déserte succédera la nuit, la nuit obscure d'un vide électromagnétique où, le NOMBRE succédant au NOM, à tous les noms, le vraisemblable dominera, de toute sa puissance de calcul, le semblable."


PAUL VIRILIO
LA VITESSE DE LIBERATION

"La résistance des distances ayant cessé, le monde perdu nous renverra à notre solitude, une solitude multiple de quelques milliards d'individus que les multimédias s'apprêtent à organiser de manière quasi-cybernétique. Après deux guerres mondiales dans l'espace qui ont abouti à la perte progressive de l'espace-monde, avec les conquêtes de l'air et de l'espace circumterrestre, la guerre mondiale dans le temps débouchera quant à elle, sur la perte de notre liberté de mouvement, une perte irrémédiable mais discrète, où tout demeurera en l'état, mais sera qualitativement discréditée, dans ce temps-monde qui répondra demain à tous nos désirs...
Alors, à côté de ce temps profond de la géologie et de l'histoire, surgira ce temps superficiel de l'interaction à distance, qui succédera aux superficies d'une étendue disparue; le temps réel des transmissions supplantant définitivement l'espace réel du transport, accomplira la prophétie d'un saint Jérôme selon laquelle:" Le Monde est déjà plein et ne nous contient plus."..."

FRANCOIS WAHL
Le perçu

Quant au sujet-lui-même - faudra-t-il redire qu'il n'y en a pas d'autre que celui de la châine énoncée, même si l'existence s'y trouve, par le ressaut du dire-Je, en deçà de lui représentée? -, un trait l'isole dans le bruit qui connote l'entière existence : il n'est ni celui de la parole, ni celui d'une subjectivation triomphante: ce qui le supporte et ce dont il est le point d'Un, c'est le discours du cela là : le discours du silence.
                                                                              


FRANCOIS WARIN
Nietzsche et Bataille
La parodie à l'infinie

Logique de la succession
Avant d'entamer ce chapitre, il faut souligner d'abord que jamais Bataille ne revendique une quelconque pensée personnelle ou une « originalité isolée»; «je n'ai pas de pensée personnelle », affirme t-il ou encore: « Rien ne m'est plus étranger qu'un mode de pensée personnel. » Manière, peut-être, de signifier qu'on ne pense jamais « par soi-même », que c'est toujours dans l'horizon de la mimèsis que surgit la pensée et que toute œuvre, aussi originale soit-elle, n'est qu'une sorte de nœud qui se forme à l'intérieur du tissu culturel au sein duquel l'individu est plongé. Manière aussi très « moderne» de rappeler que rien n'est dit qui n'ai déjà été dit de sorte que l'on ne fait toujours que redire et que répéter.


D.W.Winnicott
La nature humaine

Pendant des années et jusqu'à sa mort, en 1971, Winnicott a travaillé à ce livre, très différent de ses autres écrits. Sous un titre ambitieux et un peu provocateur, l'auteur, qui, jusqu'alors, avait exposé ses vues et ses trouvailles en de brefs articles (Jeu et réalité) ou dans des conférences faites devant les auditoires les plus variés (les Conversations ordinaires), nous offre une présentation synthétique de ses idées, en prenant appui sur sa triple expérience : de médecin, de pédiatre et de psychanalyste. La perspective ici choisie est celle du développement de l'être humain.
Comment, au-delà de la diversité des disciplines toujours plus nombreuses et spécialisées qui prennent l'homme pour objet, décrire ce qui, en son fond, constitue sa nature ? Comment, à travers les conflits et les déchirements, les phases d'excitation et de retrait qui marquent d'un bout à l'autre son existence, l'individu peut-il malgré tout trouver une certaine unité et rejoindre ce que Winnicott appelait le « vrai self » ?

1954: "La pneumonie, particulièrement avant les anti­biotiques, était vraiment un test de la volonté de vivre, et donc la guérison dépendait dans une large mesure des soins infirmiers. A cette époque, les infirmières tiraient une immense satisfaction de leur succès auprès des patients atteints de pneumonie, parce qu'elles savaient que bien souvent ils devaient la vie à leur dévouement et à leur personne. Aujourd'hui, les infirmières en formation perdent beaucoup, à cause des méthodes relativement mécaniques du traitement des pneumonies."


LUDWIG WITTGENSTEIN
Le cahier bleu et le cahier brun

"Nous sommes enclins à dire que, lorsque nous communiquons un sentiment à quelqu'un, quelque chose dont nous ne pouvons jamais rien savoir se produit à l'autre extrémité. Tout ce que nous pouvons recevoir de lui, c'est encore une expression. C'est très analogue au fait de dire que nous ne pouvons jamais savoir, dans l'expérience de Fizeau, quand le rayon de lumière a atteint le miroir."